La réalité au Congo – Covid-19
C’est à la mi-mars 2020 que le premier cas testé positif au Coronavirus a été déclaré en RD Congo. Et depuis lors, la pandémie a atteint plusieurs territoires du pays. Particulièrement ma province.
Ma province qui était justement sur le point de proclamer la fin de l’épidémie de la maladie à virus Ebola ! Hélas, cela n’a pu été le cas, car un nouveau cas d’Ebola a été détecté alors qu’il ne restait que deux jours avant la fête qui devait être dédiée à la proclamation de la fin de l’épidémie Ebola. Quelle déconvenue et quelle tristesse !
Actuellement, nous avons donc 2 situations préoccupantes et majeures de santé publique à gérer dans la province : Ebola et le Covid-19. A ce sombre tableau s’ajoute la tension que fait régner une multitude de miliciens armés qui pillent, exploitent le sous-sol et sèment la terreur au sein de la population.
A l’heure actuelle, la RD Congo compte plus de 220 cas positifs au Covid-19 et affiche un taux de mortalité autour de 10%, ce qui est très inquiétant.
Pour contre-carrer la propagation du Coronavirus dans ma ville de Goma qui compte à l’heure actuelle 3 cas importés (ne parlons pas de la multitude de contaminations locales possibles), nous avons mis sur pied un projet, avec des amis, camarades de la faculté de médecine. En tant que futurs médecins, nous nous sommes appropriés la tâche de sensibiliser, d’éduquer, d’informer et de prévenir une possible hécatombe, car il fallait agir.
La réalité au Congo - Covid-19
C’est à la mi-mars 2020 que le premier cas testé positif au Coronavirus a été déclaré en RD Congo. Et depuis lors, la pandémie a atteint plusieurs territoires du pays. Particulièrement ma province.
Ma province qui était justement sur le point de proclamer la fin de l’épidémie de la maladie à virus Ebola ! Hélas, cela n’a pu été le cas, car un nouveau cas d’Ebola a été détecté alors qu’il ne restait que deux jours avant la fête qui devait être dédiée à la proclamation de la fin de l’épidémie Ebola. Quelle déconvenue et quelle tristesse !
Actuellement, nous avons donc 2 situations préoccupantes et majeures de santé publique à gérer dans la province : Ebola et le Covid-19. A ce sombre tableau s’ajoute la tension que fait régner une multitude de miliciens armés qui pillent, exploitent le sous-sol et sèment la terreur au sein de la population.
A l’heure actuelle, la RD Congo compte plus de 220 cas positifs au Covid-19 et affiche un taux de mortalité autour de 10%, ce qui est très inquiétant.
Pour contre-carrer la propagation du Coronavirus dans ma ville de Goma qui compte à l’heure actuelle 3 cas importés (ne parlons pas de la multitude de contaminations locales possibles), nous avons mis sur pied un projet, avec des amis, camarades de la faculté de médecine. En tant que futurs médecins, nous nous sommes appropriés la tâche de sensibiliser, d’éduquer, d’informer et de prévenir une possible hécatombe, car il fallait agir.
Notre projet se focalise sur la ville de Goma et ses périphéries, car nous maîtrisons bien le terrain. Nous avons appelé à une vigilance citoyenne, à une mobilisation collective et à une observance impérative des mesures de prévention tels que les gestes-barrières très recommandés afin de limiter la propagation du Coronavirus.
Le confinement strict pour tout le monde serait aussi une solution appropriée mais compte tenu de nos conditions socio-économiques, cela paraît être difficilement réalisable.
En effet, l’application stricte de cette mesure de confinement dégraderait le niveau de sécurité, déjà minimal, qui existe dans la ville de Goma.
De plus, une grande partie de la population travaillant dans le secteur informel, celle-ci doit sortir chaque jour pour trouver à manger et survivre. S’ajoute à cela un grand problème d’accès à l’eau, à l’électricité, à un logement décent et salubre.
Malgré tout, le confinement partiel des personnes à haut risque de complications (+ 60 ans, l’effet âge associe des comorbidités) est préconisé. Environ 90% de la population a moins de 60 ans. On peut donc espérer que la majorité de ces gens possède un système immunitaire encore efficace. Mais cet « optimisme » doit être corrigé du fait que des milliers d’enfants souffrent de malnutrition chronique, que d’autres, nombreux, sont sans abris. Cette jeunesse représente donc une couche vulnérable de la ville à l’heure du Covid-19.
Mes camarades étudiants et moi-même mettons en danger notre santé et celle de nos familles dans une lutte pénible d’encadrement et d’éducation du plus grand nombre. L’accès à une information fiable et vérifiée est difficile par la population mais nous nous efforçons de sensibiliser les gens au respect strict des normes préventives particulièrement les gestes-barrières, à l’installation de points de lavage des mains à l’eau courante et au savon dans les zones stratégiques (marchés partiellement ouverts, arrêts de bus,…), à la distribution des dépliants d’informations.
Nous menons des entretiens personnels (en respectant la distance recommandée et le port d’un masque confectionné localement), afin de réaliser une enquête sur le degré de connaissance de la population sur le Covid-19 : les résultats sont alarmants.
Aussi, nous redoublons nos recommandations en y mettant le plus de conviction que possible : lavage régulier des mains à l’eau courante et au savon ou usage d’un désinfectant ou une solution antiseptique, ne pas se toucher le visage, limiter les sorties, porter un masque respectant les recommandations de la Sciensano (celui-ci peut être confectionné localement), éviter les attroupements et les contacts physiques et surtout ne pas partager de fausses informations sur la pandémie ou la maladie elle-même.
Nos activités sont volontaires et bénévoles et fonctionnent avec nos maigres moyens qui sont très limités. Nous lançons des appels à tous pour se joindre à la lutte : chacun de nous est concerné et cela peut faire la différence dans ce contexte de crise (je rappelle qu’Ebola est de nouveau parmi nous !).
En conclusion, concernant notre ville de Goma, compte tenu des réalités qu’y vit majoritairement la population, ce sera donc particulièrement de mettre l’accent sur les gestes-barrières afin de limiter et d’arrêter la propagation du Coronavirus.
Dans le contexte que j’ai décrit plus haut, il est, en effet, impératif d’empêcher que la situation, déjà fragile, ne devienne ingérable. Les conséquences seraient innombrables. Nous devons faire en sorte que cela ne dégénère pas car nous avons des moyens limités pour la prise en charge des situations ou cas compliqués.
Mais notre inquiétude reste immense face à l’enjeu sécuritaire qui est, chez nous, crucial et qui risque de rendre la tâche anti-Covid-19 très difficile. Souvenons-nous des Centres de Traitement de la maladie à virus Ebola, détruits intentionnellement dans la région de Beni et Butembo et des personnels de santé menacés. Et ce sont pourtant ces régions rurales, aux plaies encore vives, que nous tenons de tout coeur à préserver de l’actuelle pandémie mondiale.
La façon dont nos autorités nationales gèrent la crise sanitaire actuelle nous semble un danger pour nous tous !
Grâce Muhamiriza